63% des entreprises reliées à la fibre

Un ralentissement de la croissance qui interroge

Covage, 3ème opérateur d’infrastructure de gros, spécialiste sur le marché de la fibre aux entreprises, et InfraNum, fédération professionnelle représentative de l’ensemble des métiers de la filière des infrastructures numériques, ont présenté ce jour au ministère de l’Économie (Paris-Bercy) les résultats de leur baromètre annuel du « marché de la fibre aux entreprises ».

Réalisée pour la 4ème fois en partenariat avec l’IFOP, auprès de plus de 800 dirigeants d’entreprises françaises (avril 2023 – méthode des quotas), cette édition 2023 confirme l’adoption progressive de la fibre, mais à un rythme plus lent que l’an dernier, des attentes renforcées en termes de garanties de la part des TPE et PME, et des opportunités pour les opérateurs sur ce marché.

Une progression mais ralentie et inégale

Ce sont désormais 63% des entreprises françaises qui ont déjà fait le choix de la fibre. Si le nombre d’entreprises fibrées progresse, la croissance ralentit avec seulement +15% en un an contre + 49% l’année précédente. « On progresse mais beaucoup trop lentement » annonce dès le départ Philippe Le Grand, Président d’InfraNum qui déplore aussi que « la France reste 12ème en Europe au regard de la diffusion du numérique dans les entreprises selon l’indice DESI ». Et Denis Teissier, Directeur marketing de Covage complète « dans une France largement déployée, le taux de 63% est nettement inférieur au taux de couverture des entreprises raccordables ».

Cette moyenne continue de cacher des disparités sensibles selon la situation géographique et la taille des entreprises. « On note un rattrapage des entreprises en zones rurales par rapport aux communes urbaines mais l’écart reste significatif (44% contre 79% en région parisienne) » note Aymeric de Cardes, Directeur général de Covage. Et si l’écart de couverture entre petite et grande entreprise représente jusqu’à 25%, « certaines grandes entreprises n’ont pas encore fait la bascule » s’inquiète le dirigeant.

Une préoccupation : 41% des entreprises non éligibles ne souhaitent pas migrer

Parmi celles qui n’ont pas encore la fibre, 59% souhaitent s’équiper. Et encore plus vite que l’an dernier : 69% envisage ce projet à moins d’un an.

En cas de bascule, 41% des entreprises envisagent une remise en cause de leur opérateur (contre 9% hors migration).

Le taux d’entreprises qui hésitent à migrer (41%) reste donc stable depuis 2022 ce qui constitue un enjeu majeur du secteur pour trouver les moyens de les accompagner, dans le cadre notamment de l’arrêt programmé du cuivre. « L’an prochain, l’arrêt du cuivre va prendre une échelle significative avec 162 communes impactant plus de 40.000 entreprises » explique Jean-Noël Barrot, Secrétaire d’Etat chargé du numérique.

Ce changement technologique est donc confirmé comme une opportunité majeure de remise en concurrence du marché. « Environ un millier d’opérateurs en France se partage entre 5 et 10% du marché. Le développement de la concurrence doit être un atout pour la diffusion du numérique. Il faut stimuler le foisonnement de l’offre avec notamment une régulation efficace » argumente Philippe Le Grand.

L’enjeu de l’information pour lever les freins

Les difficultés à comprendre les offres proposées, les problèmes contractuels et les craintes quant aux impacts du changement sur leur organisation apparaissent moins nettement cette année dans les freins évoqués à la migration. En revanche, les coûts associés et l’information sur l’éligibilité arrivent en tête. Sans oublier que « les problèmes de qualité desservent la migration. Quand les plans de reprise et les points de mutualisation seront reconstruits, certaines entreprises seront certainement moins frileuses » constate Nicolas Karp, Directeur de la BU télécoms d’Hexanet.

Pourtant, comme en 2022, l’attractivité tarifaire ne figure pas, et de loin, dans les premiers critères de choix de leur opérateur (elle n’arrive qu’en 7ème position).

Dans le top 3 de ces critères : la fiabilité du service, la rapidité de réparation et le débit.Ainsi 85% des entreprises choisissent des offres qui leur sont dédiées et 68 % d’entre elles ont souscrit à une offre avec garantie de temps de rétablissement (contre 56% en 2022).

Un nouvel indicateur s’immisce également dans l’édition 2023 : 67% des entreprises prennent en compte les critères environnementaux dans leurs choix numériques, la substitution des biens physiques par du numérique et l’encouragement au télétravail étant plébiscités par plus d’un quart d’entre elles dans ce cas.

L’utilisation d’outils pour pouvoir échanger des fichiers volumineux, de visioconférences et de solution de cybersécurité font partie des usages les plus plébiscités. « Mais le mode Saas et les business modèles, qui privilégient les abonnements, notamment vont dans le sens de la digitalisation » explique Sébastien Terny, Directeur produits et opérations de Dstny France, de même que « la facturation électronique à partir de juillet 2024, la fin du cuivre, l’accélération des plans de reprise et de continuité d’activité, les besoins en remontée de données, etc. » renchérit Maxence Demerlé, Directrice du numérique au MEDEF.

Covage et InfraNum ont donc profité de cette tribune pour rappeler l’importance de passer à une communication soutenue, portée au niveau national. Un message entendu par François Lions, membre du collège de l’Arcep qui déclare « après une phase structurelle, il est temps de passer à une phase d’accompagnement des entreprises. L’Arcep est prête à participer à des actions en ce sens ».

Antoine Delaunay, Président de Manche Numérique confirme que « une communication nationale doit venir en appui des nombreuses actions réalisées par les collectivités locales ».