Hier, dans le très bel et tout récent OpenLab Huawei, accueillis par Wieliang SHI en personne, Directeur général de Huawei France, la FIRIP, la Caisse des Dépôts, l’AVICCA et Idate Digiworld ont présenté les résultats de l’Observatoire 2018 du Très Haut Débit (THD).

Cette année, le périmètre de cet Observatoire, devenu un indicateur de référence pour les collectivités et les institutions françaises, a été élargi à toutes les zones du territoire (RIP, zones AMII et zones denses) et l’enquête a été enrichie par une étude auprès des collectivités, grâce au nouveau partenariat mis en place avec Patrick Chaize, Président de l’Avicca.

Objectif : fournir une vision agrégée et unifiée des chiffres du marché et faire la lumière sur les questions d’actualité, notamment en ce qui concerne l’emploi et l’approvisionnement en fibre optique.

Retour sur les débats d’hier, puis sur les résultats de l’Observatoire en chiffres (7 points clés) :


Annonce d’un grand plan de communication sur l’emploi dans la filière

Si tous les acteurs concernés se sont d’abord réjouis des taux de croissance du marché, Etienne Dugas, Président de la FIRIP, a rappelé que le défi est énorme : « Au cours des 10 dernières années, nous avons déployé 10 millions de prises THD. Notre challenge est d’en déployer 20 millions dans les 5 prochaines années ».

Et d’insister immédiatement sur l’importance de la première ressource nécessaire à la réussite de ce défi : l’emploi. « Nous avons les plateaux (37 labélisés Objectif’Fibre) et les formateurs, il nous manque les hommes à former. Les métiers de la fibre sont méconnus. Ils sont associés à une image dégradée alors qu’ils sont épanouissants et facteurs d’ascenseur social. En tant qu’acteurs de la filière, nous avons notre part de responsabilité. Aussi, nous nous mobilisons pour communiquer massivement sur ces emplois. » Il annonce être en train de préparer un grand plan de communication, dans le cadre de l’EDEC récemment signé avec l’Etat, pour la rentrée 2018.

Satisfaction également quant au niveau de déploiement atteint « Avec un taux de couverture de 84% en FTTH d’ici 5 ans, nous ferons mieux que prévu » explique Antoine Darodes, Directeur de l’Agence du Numérique, avant de rappeler que « nous avons besoin du mix technologique pour assurer l’ambition du THD pour tous d’ici 2022 ».

Car il ne s’agit surtout pas de décevoir la population qui manifeste une attente très forte pour le THD. « Les taux de commercialisation des prises FTTH, notamment sur les zones RIP montrent que les clients sont au rendez-vous » analyse Gaël de Serandour, Directeur Infrastructures Numériques de la Caisse des Dépôts.

Pilotage à 3 pour réduire les tensions sur l’approvisionnement fibre

Quant à l’épineuse question des tensions sur l’approvisionnement en fibre optique en France « certes les tensions sont là mais la filière est mobilisée au travers d’investissements considérables. Entre les 2 scénarios de croissance de la demande, nous pensons que nous devrions être davantage autour des +40% cette année, ce qui laisse penser que la filière peut gérer » explique Jacques de Heere, PDG d’Acome et Vice-président du Sycabel. La FIRIP et l’Avicca ont alors tendu la main au Sycabel, qui l’a acceptée, afin de travailler conjointement pour donner plus de visibilité aux câbliers.

Un sujet qu’Ariel Turpin, Délégué général de l’Avicca, suite de près car « on ne veut pas que les Réseaux d’Initiative Publique soient la variable d’ajustement sur la problématique d’approvisionnement de la fibre, or c’est le risque face aux gros opérateurs ».

L’importance du cadre réglementaire a enfin été rappelé. « Les opérateurs ont entendu l’appel du Gouvernement et de l’ARCEP pour rattraper leur retard sur les zones AMII. Le régulateur prépare une recommandation sur la cohérence des déploiements qui suivra son avis imminent concernant les engagements des opérateurs au titre du L. 33-13. » explique Monique Liebert-Champagne, membre du collège de l’ARCEP.

Si les acteurs français ont su constituer au fil des années une filière d’excellence, encadrée par la FIRIP, il est temps de se tourner vers l’international : « 61% des entreprises interrogées envisagent d’exporter d’ici 3 ans. Ce sera le relais de croissance de nos industries françaises, notamment en Afrique » conclut Etienne Dugas, qui rappelle que la fédération a enclenché une véritable dynamique à ce sujet depuis 2017.

Les principaux enseignements de l’Observatoire 2018 du THD – en 7 points à l’ambition gouvernementale :

Le Plan France THD : Un enjeu essentiel en termes d’aménagement du territoire mais aussi un vrai défi industriel

1 – Un vrai effort supplémentaire pour fournir les 28.000 emplois nécessaires d’ici 2022 :

12 000 emplois ont été mobilisés en 2017 pour le déploiement du THD, 3.500 de plus sont prévus en 2018, le pic atteindra près du double, soit 28 000 emplois en 2022. Près de 80% des effectifs concerneront le déploiement des réseaux, le raccordement des abonnés et la maintenance.

Un véritable effort de la part de la filière et une mobilisation totale des acteurs de l’emploi et de la formation sont donc nécessaires. À défaut, les objectifs du plan France THD ne seront pas atteints.

  • L’EDEC, signé avec l’Etat, accompagnera la filière avec une campagne de communication nationale afin de faire connaître les métiers de la fibre.

2 – 20 millions de prises FTTH à construire d’ici 5 ans :

Entre 2012 et 2017, plus de 10 millions de prises ont été déployées. Le défi des industriels est de tripler, d’ici 5 ans, ce nombre pour atteindre une couverture nationale de 84% en fibre optique (contre 80% espérés par l’Etat).

Si 2,7 millions de prises ont déjà été construites en 2017, il faut passer à 4 millions cette année. Un vrai challenge pour toute la filière, qui est totalement mobilisée pour faire face à une forte augmentation de la production annuelle des prises FTTH sur la durée. Le pic de production atteindra 4,6 millions de prises à partir de 2019.

3 – Nécessité d’un pilotage national face aux tensions sur l’approvisionnement en câble optique :

Les tensions d’approvisionnement sont confirmées dans le monde comme en France. Dans notre pays, les besoins vont passer de 13 millions de kilomètres de fibre optique en 2017, à plus de 20 millions en 2018 et le marché sera tendu jusqu’à fin 2019.

La filière française de câble aura du mal à satisfaire la demande malgré ses efforts pour augmenter ses cadences de production. Selon un scénario plus réaliste (avec un léger étalement des déploiements), la montée en charge de la filière pourrait suffire.

  • Il n’y a pas à proprement parler de pénurie sur la fibre en France mais la situation nécessite un pilotage national sur les besoins, une meilleure visibilité et une anticipation des besoins. L’Observatoire 2018 du THD livre des informations précises et détaillées à ce niveau (besoins nationaux et déclinaison par département). La FIRIP est prête à aller plus loin avec l’Etat, les collectivités, les industriels et opérateurs pour assurer ce pilotage.

4 – Le mix technologique nécessaire pour 2,2 millions de locaux

La fibre seule ne suffira pas pour atteindre l’objectif du THD pour tous en 2022. Si 84% des foyers (ce qui constitue déjà un challenge) sera couvert en fibre optique, il devient évident qu’au moins 16% des foyers devront recourir au mix technologique pour ne pas être privés durablement de THD. Les technologies radio et satellite concerneront potentiellement in fine, un nombre conséquent de locaux, évalué à 2,2 millions.

  • Pour réussir l’ambition du Très Haut Débit pour tous, il est nécessaire de promouvoir et soutenir le mix technologique, et notamment les solutions THD radio.

5 – Plan France THD : que reste-t-il à financer ?

A ce jour, 3 milliards € de cofinancement ont été validés par l’Etat, sur un total initialement prévu de 3,3 milliards €.

  • 300 millions € sont donc disponibles immédiatement pour réussir le THD pour tous d’ici 2022 et pourraient notamment être alloués au financement du THD radio ou à des compléments de déploiements en FTTH
  • Au-delà, d’ici 2015, il restera encore 6 millions de prises à déployer en fibre optique pour entrer dans la Gigabit Society. Sur quelle enveloppe supplémentaire l’Etat devra-t-il s’engager pour réussir le FTTH pour tous à horizon 2025 ? La FIRIP dévoilera ses estimations réalisées à partir des simulations de cet Observatoire et tenant compte des procédures AMEL en cours, lors de sa prochaine Université d’été du THD (Laval – 19 et 20/09/18).

A noter qu’en zones RIP, le succès des dernières délégations de service public et des partenariats publics-privés permet d’atteindre des niveaux de couverture meilleurs et plus rapides que prévus (11 millions de prises FTTH sont contractualisées et financées pour fin 2022 contre 9 millions envisagés), pour un financement de l‘Etat moindre. Le levier du soutien public permet de mobiliser beaucoup plus de fonds privés que prévus.

FTTH : Des fortes attentes et des perspectives

6 – Commercialisation des RIP : ça décolle !

Dès à présent, les opérateurs de proximité présents sur les RIP ont des taux de souscription supérieurs à ceux rencontrés en zone privée par les grands opérateurs (OCEN), preuve de l’engouement naturel des foyers les moins bien dotés pour la fibre optique. Avec les annonces récentes des OCEN, qui doivent commercialiser leurs services sur les RIP courant 2018, les taux de pénétration devraient s’envoler, sachant qu’une nouvelle vague, extrêmement conséquente est attendue avec l’avènement des smart territoires, les RIP de 3ème génération.

7 – La nouvelle frontière : l’international

Forte de son expertise technique et de sa culture des partenariats publics privés, la France séduit les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Banque d’Aide au Développement, Banque Européenne d’Investissement, etc.), qui soutiennent le modèle français de réseaux neutres, ouverts, activés ou mutualisés, notamment pour les prochains projets en Afrique.

Pour consulter l’Observatoire du Très Haut Débit (étude complète) cliquez >ici<