Compte-rendu de l’Université d’été du THD 2018 – 19 et 20 sept. 2018 – Laval

Cette année, l’Université d’été du THD, organisée par IDEAL Connaissances, CapHornier et InfraNum (ex. FIRIP), les 19 et 20 septembre en Mayenne, a pris des allures de « la plus grosse réunion de chantier de l’année du plus grand chantier d’infrastructures en France de la décennie ».

Plus de 600 participants – industriels et collectivités, chaleureusement accueillis au Laval Virtual Center, au cœur d’un territoire rural choisi pour l’exemplarité de son projet départemental 100% très haut débit pour tous, ont multiplié les échanges et exprimé les problèmes qu’ils rencontrent, notamment auprès de Julien Denormandie, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la cohésion des territoires, venu clore la manifestation. Tel est l’enjeu de cet événement devenu, en seulement 3 ans, un incontournable.

Un cadre réglementaire « presque » satisfaisant

Rapportant les conclusions, après des mois de travail, de la Commission Mixte Paritaire sur la loi ELAN qui s’est tenue ce mercredi après-midi (19 sept.), le sénateur Patrick Chaize s’est réjoui de l’adoption d’un grand nombre d’articles qui vont simplifier et accélérer la construction des pylônes et des prises FTTH. « La loi ELAN peut réellement s’écrire avec un grand N » déclare le sénateur.

Une satisfaction partagée par Julien Denormandie, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la cohésion des territoires, qui a d’ailleurs sollicité InfraNum pour engager un travail de rédaction d’un document synthétique « avant-après la loi ELAN ».

Un point de discorde subsiste néanmoins entre l’Etat et la filière concernant les zones AMEL. InfraNum et de nombreux acteurs du secteur considèrent en effet que ces dernières introduisent un trop fort risque de déstabilisation du modèle économique des réseaux d’initiative publique et des collectivités elles-mêmes. D’ailleurs à ce jour, rares sont les départements ou les régions qui semblent y adhérer…

« Si les industriels sont désormais mis devant leurs responsabilités, avec un cadre réglementaire mieux défini et des projets engagés » expose Etienne Dugas, Président d’InfraNum, celui-ci a rappelé l’ampleur du défi : « La France a construit 10 millions de prises au cours des 10 dernières années. Nous en avons 20 millions à réaliser d’ici 5 ans, soit le double en 2 fois moins de temps, sachant que les plus faciles sont faites ! »

L’enjeu immédiat et majeur : les ressources humaines

De 12.000 collaborateurs recensés dans la filière aujourd’hui (cf. Observatoire du THD 2018), il faudra atteindre les 28.000 d’ici 2022 pour tenir les échéances gouvernementales. « Nous avons les formateurs et les plateaux de formation, mais nous avons clairement un problème de sourcing » explique Etienne Dugas.

Défaut d’attractivité des métiers rattachés traditionnellement au bâtiment, de visibilité ou tout simplement de connaissance, la fédération reconnaît un besoin crucial de communiquer à destination du grand public.

Elle annonce une mobilisation encore plus massive et collective qui, suite à l’EDEC signé en mars 2017 avec le Ministère du travail, de l’emploi et de la formation, débouchera d’ici peu sur une grande campagne de communication afin de faire connaître ces métiers.

« Des métiers accessibles sans formation initiale, rapidement opérationnels, débouchant sur des CDI avec un horizon pérenne sur au moins 20 ans et facteur d’ascenseur social » résume Etienne Dugas.

Vers une reconnaissance officielle de la filière

InfraNum a profité de l’occasion pour renouveler sa demande de validation des infrastructures numériques en tant que Comité Stratégique de Filière (CSF) afin d’être reconnu comme une des grandes filières industrielles, au même titre que l’automobile ou l’aéronautique par exemple. En jeu : plus de visibilité et des moyens supplémentaires pour communiquer, innover et exporter.

Reconnaissant le formidable et rapide travail de structuration de la filière réalisé par InfraNum et à l’heure des projets de smart territoires et de la 5G, Julien Denormandie s’est engagé à « pousser en ce sens ».

Rappelant que « le numérique a finalement accentué les fractures territoriales », le Ministre a conclu cette Université d’été du THD sur la nécessité collégiale de réussir le plan France Très Haut débit et sur sa confiance dans l’atteinte des échéances gouvernementales définies (2020 : un bon débit pour tous, 2022 : le très haut débit pour tous, 2025 : l’entrée dans la Gigabit society), grâce notamment à la dynamique collective engagée et au suivi permanent des déploiements.

Fort d’un partenariat inédit avec l’Avicca, d’un tout nouveau « parcours élus », d’une vingtaine d’ateliers et de démonstrations, de 2 séances plénières majeures et de multiples partages d’expériences, abordant les thématiques des infrastructures aux usages, cette Université d’été a incontestablement donné le ton de la rentrée pour la filière : positif et très opérationnel.