Dans le cadre de la campagne présidentielle, InfraNum a invité, mercredi 23 mars 2022, les candidats à présenter leurs programmes numériques et à réagir aux Trente Propositions pour une France Connectée et Durable formulées par la fédération (lien ?). Sept candidats, présents ou représentés, ont donc été auditionnés lors d’un événement en présence de 200 participants membres de la fédération.

Les candidats et leurs équipes ont eu l’opportunité de réagir aux grands enjeux de la filière infrastructures numériques : la fin du déploiement de la fibre, la résilience des réseaux, la formation sans oublier les défis environnementaux ou encore l’export de la filière.

Animée par Sébastien Côte, et rythmée par les interventions des administrateurs d’InfraNum, cet événement a permis à 7 candidats de présenter dans le détail leur programme numérique pour la prochaine mandature. Cet événement a d’abord eu l’intérêt de mesurer l’enjeu accordé par chacun au numérique. Interrogés sur les propositions d’InfraNum, tous se sont accordés sur l’importance de la complétude du plan France Très Haut Débit et d’une couverture complète du territoire en fixe comme en mobile. Si certains ont annoncé le retour d’un « État stratège » à la manœuvre d’investissements ciblés, d’autres ont proposé la mutualisation publique des réseaux. Prêts à renouveler les efforts sur la formation initiale et continue du numérique et à éliminer les zones blanches, tous les candidats présents ont prêté une attention particulière aux difficultés de déploiement et de raccordement des lignes THD.

Premier candidat invité à s’exprimer, Nicolas Dupont-Aignan a annoncé l’organisation d’États Généraux du Numérique sous la houlette d’un grand ministère de l’Aménagement du territoire, et proposerait un plan d’investissement sur 10 ans pour généraliser l’accès au très haut débit et à une couverture mobile optimale. Face à la fin programmée du réseau cuivre, le candidat appelle au retour de « l’État stratège » avec comme objectif d’uniformiser et de rendre public un réseau THD unique.

« Il faut un vrai ministère de l’aménagement du territoire qui doit avoir une composante numérique au même titre que les réseaux TGV ou autoroutiers. »

Éric Bothorel, conseiller numérique d’Emmanuel Macron, a réalisé un bilan des avancées du quinquennat, soulignant le succès du plan France Très Haut Débit. Alors que la généralisation de la fibre optique d’ici 2025 apparaît dans le programme du président-candidat, Eric Bothorel a insisté sur les efforts à fournir en matière de recrutement et d’investissements. La souveraineté des réseaux et les enjeux de résilience ont également été au cœur du discours du député :

« Il est nécessaire d’avoir les mêmes exigences pour le numérique que pour l’énergie. La crise sanitaire nous a démontré que l’accès au réseau était aussi un besoin essentiel. »


Nelly Garnier, conseillère numérique de Valérie Pécresse, a, elle, mis l’accent sur l’importance de la souveraineté numérique et de l’indépendance technologique. Avec comme ambition de former 1 million de talents numériques d’ici 2030, la conseillère régionale appelle à intégrer dès le collège des bases numériques dans les programmes scolaires. Plusieurs propositions phares ont également été mises en avant comme la création d’un cloud souverain et d’un parquet national cyber, la mise en place d’une stratégie de commande publique numérique ou encore la création d’un « chèque réparation » pour la filière du reconditionnement.

« Pour faire que le numérique ne soit pas vécu comme une inégalité, nous avons comme objectif de renforcer la couverture très haut débit et le réseau mobile. Nous souhaitons accélérer le déploiement THD fixe et mobile en instaurant un bonus financier pour les collectivités qui achèveront le déploiement avant 2024 et d’accélérer les investissements d’infrastructure de téléphonie 4G pour ne plus avoir de zones blanches dans les territoires. »

Alexandre Shon , animateur du groupe thématique de campagne sur le numérique de Jean-Luc Mélenchon a présenté lcontre le « triangle de précarité numérique » et avec comme mesure phare de faire entrer dans la Constitution le droit d’accès aux réseaux de télécommunications, Alexandre Schon a plaidé pour la neutralité du net et l’accès gratuit aux équipements de première nécessité.  À la suite d’un discours sur le service universel Très Haut Débit, il a appelé à réformer les zones AMII et AMEL et à réaliser un bilan des RIP, estimant que les opérateurs ont privilégié les zones rentables dans le déploiement de la fibre optique.

« Avec un débit équivalent de celui de la 4G et avec l’amélioration du matériel, et de son efficience énergétique, . Nous souhaitons réserver la 5G aux entrepreneurs, aux laboratoires de recherche scientifique, aux hôpitaux puisqu’il a été montré que la 5G pouvait avoir une réelle plus-value notamment sur les procédures d’opérations chirurgicales etc. »

 


Sylvain Raifaud, qui représentait Yannick Jadot, a évoqué les enjeux de régulation qui touchent le numérique, tant sur les infrastructures que sur les usages. L’objectif de réduction de l’empreinte environnementale de la filière figurait en toile de fond tout au long de l’intervention du conseiller de Paris, . Prônant l’égal accès au numérique avec le développement d’un Wi-Fi public gratuit,

« Le numérique est absent de la loi climat et résilience et de la stratégie nationale bas carbone. Nous manquons cruellement d’une politique publique de sobriété numérique. […] Nous réduirons la surproduction du numérique par l’augmentation significative de l’éco-contribution sur les appareils électroniques pour financer les filières de réemploi et de recyclage. Sur le volet environnemental, nous regrettons que l’Arcep n’ait pas actuellement les moyens d’action et d’évaluation qui seraient et qui sont aujourd’hui limités. »

 

Sébastien Vincini, porte-parole d’Anne Hidalgo, a lui évoqué trois principaux leviers pour le secteur : l’investissement dans la recherche, le pilotage des politiques publiques de cohésion et d’aménagement et l’export de la filière, souhaitant également lever les freins techniques et réglementaires au déploiement des infrastructures numériques. Afin de soutenir les entreprises de la filière, il vers les acteurs français innovants, à créer des schémas régionaux pour développer un cloud souverain et à multiplier les partenariats pour finaliser la couverture territoriale et en finir ainsi avec les zones blanches.  

 « L’enjeu c’est de construire une vraie gouvernance autonome sur le sujet du numérique : il faut un pilotage et cela passe par un ministère plein et entier du numérique, indépendant du ministère de la cohésion territoriale, pour pouvoir mener des politiques transversales, coordonner l’action des pouvoirs publics et des services gouvernementaux. »


Frédéric Lefebvre-Naré, porte-parole de Jean Lassalle, a présenté les grands principes du programme numérique du candidat du parti « Résistons ! ». Rappelant que la couverture mobile et filaire est un enjeu d’attractivité économique et touristique crucial dans les zones rurales, il a souhaité mettre en avant les solutions locales de transition environnementale et la proximité des collectivités sur les questions d’aménagement numérique. Plusieurs mesures ont ainsi été évoquées comme la création d’une cyber-armée, la formation des professeurs aux usages numériques et des mesures de rééquilibrage des territoires.  

 « [Jean Lassalle] demande la création d’un CAPES numérique […] et la généralisation de l’enseignement obligatoire du numérique. »

Une matinée qui a permis de faire le tour des programmes des candidats sur les stratégies d’aménagement numérique qui seront développées dans les années à venir. InfraNum se félicite de cet évènement qui sera structurant pour les futures relations de la filière des infrastructures numérique avec le prochain gouvernement.