A l’heure des précautions sanitaires renforcées, le secteur du très haut débit vient de relever un nouveau défi. Celui de se réunir pendant deux jours pour faire un point sur la situation du Très Haut Débit (THD) en France dans le cadre du plan de relance et pour interpeler le Secrétaire d’Etat Cédric O sur les derniers freins opérationnels dans le cadre du plan France THD ainsi que sur les nouveaux enjeux du secteur.

Organisée par IdealCO et InfraNum, en partenariat avec l’Avicca, l’Université du THD s’est révélée être un véritable succès avec près de 1000 participants aux Sables d’Olonne, les 20 et 21 octobre, dans un respect strict des gestes barrières et des directives préfectorales.

 

 

Confiance sur les niveaux de déploiement

Cette année encore, la France devrait être la nation européenne qui déploie la plus vite sa fibre. Si en 2019, le record de 4,8 millions de locaux raccordables avait été franchi, les acteurs du secteur estiment aujourd’hui que le niveau 2020 pourrait friser les 5 millions, soit nettement mieux que les 4,3 révisés au sortir du confinement. Les chiffres T2 de l’Arcep l’en attestent déjà (1,2 millions de prises).

« Grâce à une forte mobilisation et un travail collectif remarquable, nous dénombrons 20,3 millions de locaux raccordables aujourd’hui en France » se réjouit Etienne Dugas. « Mais il en reste autant à déployer d’ici 2025 pour répondre aux objectifs du plan France THD. Et ce ne sera pas les prises les plus simples » prévient le Président d’InfraNum.

 

D’où l’interpellation de Cédric O, Secrétaire d’Etat en charge du numérique, sur les derniers freins opérationnels à lever : suppression des calculs de charges sur les appuis aériens communs pour les raccordements (nécessaires à 20% des déploiements en zones rurales – 800.000 au total), accélération de la Base d’Adresses Nationales (BAN) pour réduire les taux d’échecs de raccordements, simplification des reprises de conventions, glissement des prises de décisions vers le comité syndical de copropriété quand les assemblées générales ne peuvent avoir lieu, poursuite des travaux pour améliorer le mode STOC, etc.

Face à tous ces sujets, le Ministre s’est voulu rassurant et engagé. S’il ne peut pas accéder à toutes les demandes, il déclare « une nouvelle équipe a été mise en place sur la BAN car il faut résoudre ce serpent de mer dont l’enjeu dépasse même le numérique ».

 

Explosion de la commercialisation

Un sujet qui tombe à point nommé puisque, si les acteurs du secteur ont mis l’accent sur les déploiements afin de retrouver le rythme d’avant crise, l’explosion de la commercialisation a surpris tout le monde.

Conséquence directe du confinement et du recours aux solutions numériques, les records mensuels de commandes sont légion chez tous les opérateurs. Contrairement au discours d’il y a quelques mois, la question du taux de pénétration ne semble donc plus d’actualité. Certains opérateurs annoncent même qu’ils dépasseront les scénarii cibles à fin 2020.

 

L’ambition de la mise en place du service universel

Cette nouvelle appétence numérique n’a pas manqué de réactiver les questions autour du service universel.

Cédric O, qui a rappelé la conviction de l’Etat dans le numérique puisque celui-ci y dédie 7 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance, a indiqué que « la fibre est un bien essentiel et nous en ferons un service universel à l’horizon 2025 ».

InfraNum et l’Avicca se sont alors déclarés pleinement mobilisés pour définir les modalités pratiques de ce chantier ambitieux mais nécessaire, qui conditionne l’extinction du cuivre. « C’est un travail de longue haleine que nous entamons et qui, pour son financement, nécessitera certainement la mise en place d’un mécanisme de péréquation à définir » prévient Patrick Chaize, Président de l’Avicca.

 

L’horizon d’un service universel a également ravivé les débats sur l’inclusion numérique. « Cette transformation digitale doit embarquer tout le monde, ce qui passe par la réduction de la fracture et l’inclusion numérique » insiste Alain Leboeuf, Président de Vendée numérique. Le Ministre a indiqué que le financement de lieux et la mise en place de médiateurs numériques sont des solutions concrètes que le plan de relance accompagne.

 

Gros enjeu sur l’emploi

Autre enjeu majeur, l’emploi et la formation dans le secteur s’est également immiscé au sein de nombreux débats.

Avec un record de recrutements en 2019, le pic n’est toujours pas atteint. Il devrait l’être l’an prochain avec environ 30.000 ETP (Equivalents Temps Plein), nécessitant 7000 à 8000 nouveaux entrants dans le secteur.

Or si les plateaux et structures de formation sont en place et les outils présents (grâce notamment au premier EDEC), les candidatures manquent toujours à l’appel.

InfraNum estime que seul un soutien fort de l’Etat sur cette question, portera ses fruits. La fédération en appelle donc à une campagne nationale de communication de la part de l’Etat pour faire connaître les métiers de la fibre et à la signature imminente de l’EDEC 2.

« Le premier EDEC, qui vient de se terminer, a notamment permis de produire des outils pour mieux connaître les métiers du déploiement de la fibre. Le second EDEC est indispensable pour connaître les besoins puis mettre en place les actions concernant les raccordements finaux, la commercialisation, la maintenance et bien sûr la reconversion des métiers du secteur. La 5G et les territoires intelligents laissent entrevoir de fortes perspectives à ce niveau, mais il nous faut les anticiper » explique Bruno Lucas, à la tête de la DGEFP.

 

Et parmi les métiers émergents, celui de data analyst apparaît comme « le job le plus sexy des prochaines années », selon Benoît Tabaka, directeur des relations institutionnelles et des politiques publiques de Google France. Des compétences qui pointent du doigt l’enjeu de la gouvernance de la donnée, qui est revenue en boucle lors des échanges suivants, notamment liés à la construction des territoires intelligents et aux usages portés par tout l’écosystème de la French Fab.

 

 

A quand un grand plan France territoires connectés et durables ?

Après avoir inauguré la première étape de son tour de France des « Ateliers des territoires connectés » à Angers, le 10 septembre dernier, en présence de Cédric O, InfraNum en a profité pour marteler son message : l’heure est à la construction du plan France territoires connectés et durables.

« Nous sommes exactement dans le même timing que lors de la mise en place du plan France THD. Cette phase amont est le moment idéal pour définir collectivement le cadre structurel, qui va permettre de modéliser, industrialiser et accompagner chaque collectivité dans la mise en place de son projet smart. Et le plan de relance nous offre l’assise financière pour le faire » explique Etienne Dugas.

« C’est le prochain horizon. Nous tirons l’infrastructure et nous nous intéresserons aux usages » a réagi Cédric O.

Prochaines étapes des Ateliers des territoires connectés : Le Havre puis Lille. L’occasion d’en reparler et de co-construire avec les industriels et les collectivités les conditions de la réussite de cette nouvelle étape cruciale pour les services aux usagers, la durabilité des territoires, la pérennité de la filière et des emplois liés.