Six ans après sa création, InfraNum, la fédération des entreprises partenaires des territoires connectés (ex.FIRIP), a tenu ce jour son Assemblée générale élective à Nancy, partenaire de longue date. Etienne Dugas, son Président co-fondateur, a été unanimement réélu pour un troisième mandat. Celui qui représente plus de 200 industriels a dressé un bilan de son action et a rappelé les défis à venir. Quelques jours après l’annonce de la création d’un Comité Stratégique de Filière (CSF) pour la filière « infrastructures du numérique », il revient sur cette étape décisive.

 

Quel bilan tirer de ces 6 dernières années ?

Il se résume en un succès majeur : celui du plan France Très Haut Débit. L’ensemble des territoires s’oriente vers une couverture à 100%, quasiment financée. La loi ELAN a accéléré le calendrier pour un objectif de déploiement du THD pour tous d’ici 2022. Réussir ce plan était à l’origine de la création de notre fédération fin 2012, mais nous étions loin d’imaginer ce parcours.

Comment a évolué votre périmètre depuis 2012 ?

D’abord focalisé sur les RIP afin d’imposer un modèle de réseaux neutres, ouverts et activés, favorables à la concurrence et à l’émergence d’opérateurs de proximité, nous avons élargi notre champ d’action, statutairement en 2016, pour nous intéresser désormais à l’ensemble des infrastructures quelles que soient les zones (denses, AMII et RIP) et à leur finalité : le développement des usages numériques, incluant l’avènement des smart territoires.

Que représente l’accès annoncé au CSF pour la filière des infrastructures du numérique ?

L’aboutissement d’une forte et longue mobilisation, portée par plusieurs fédérations réunies (AFNUM, FFT, InfraNum et Sycabel). Figurer parmi les 18 Comités stratégiques de Filière en France, au même titre que l’aéronautique, l’automobile ou l’agroalimentaire, va permettre de doter la filière d’atouts et de moyens significatifs pour assurer une démarche collective efficace, que ce soit pour exporter le modèle français de déploiement du Très Haut Débit, pour donner la visibilité nécessaire aux emplois dans la fibre ou encore pour permettre aux collectivités d’adopter le Smart et la 5G. Avec à plus long terme, la réussite de la Gigabit Society. Concrètement, c’est le renforcement des liens entre les industriels et l’État, une plus forte visibilité de la filière et l’accès au soutien d’institutions majeures (Business France, Agence Française du Développement, etc.).

L’emploi et l’export figurent donc toujours parmi les grands défis à venir pour InfraNum ?

Le défi n° 1 est le recrutement et la formation de 16.000 collaborateurs d’ici 2022. Depuis 3 ans, nous nous y attelons. 40 plateaux de formation sont labellisés Objectf’Fibre. De belles initiatives sont lancées comme les Écoles des plombiers du numérique, mais le rythme doit s’accélérer. La présentation, le 10 décembre prochain, d’un ambitieux plan de communication, co-construit avec l’Etat, Objectif’Fibre et de nombreux partenaires, devrait enfin donner une nouvelle visibilité aux métiers de la fibre.

Concernant l’export, c’est tout simplement la continuité du déploiement du THD en France, car ce sera le bon timing pour nos industriels. Aujourd’hui, la démarche est initiée mais il faut la pousser avec deux priorités : l’Europe (et notamment l’Allemagne) et l’Afrique (surtout francophone). Le CSF est la brique qui nous manquait pour aller chasser en meute.

D’autres sujets « sur le feu » ?

Oui, concernant le marché « entreprises ». En zones RIP, nous avons réussi à imposer des conditions de parfaite concurrence quant aux offres de gros, mais ce n’est pas le cas sur toutes les autres zones. Nous venons à nouveau d’alerter les membres du Collège de l’ARCEP par courrier sur la non-effectivité des remèdes imposés sur ce marché, avec un argumentaire détaillé.

En outre, afin d’atteindre le haut débit pour tous d’ici 2020, il est impératif d’assurer le mix technologique avec la radio (RTTH). Or dans le cadre de la consultation sur la 5G, l’ARCEP sous-entend qu’elle serait prête à fermer le guichet pour le RTTH dès 2019. Et pour atteindre 100% de THD d’ici 2025, il faudra également réouvrir les guichets de financement pour les collectivités locales.

Quelle est la position d’InfraNum à l’aube des smart territoires et de la 5G ?

Si InfraNum a édité son premier guide pratique cette année sur la mise en place opérationnelle d’un smart territoire, ce n’est pas un hasard. Là encore, il faut accélérer. Nous allons lancer un recensement exhaustif de l’ensemble des initiatives smart de nos industriels afin de simplifier la recherche de solutions pour les collectivités désireuses d’avancer dans le domaine.

Concernant la 5G, nous savons que l’ensemble des industriels InfraNum la déploiera. Nous nous mobiliserons donc pour en faciliter et accélérer son déploiement. Mais elle ne pourra exister qu’à partir du moment où la totalité du territoire aura été fibrée.

Un chiffre ?

300 membres à l’horizon 2020

Des dates marquantes ?

Novembre 2013 : la signature d’un protocole d’accord pour une filière de formation avec Fleur Pèlerin, Ministre Déléguée à l’économie Numérique à Valence dans la Drôme.

Avril 2014 : la Firip fêtait les 10 ans du L-1425 avec ses pères fondateurs, les sénateurs Legrand et Leroy, en présence de plus de 200 personnes.

Novembre 2016 : Fin du psychodrame bruxellois avec la validation du cahier des charges du plan FTH par la Commission européenne.

Novembre 2018 : Annonce de la création du CSF « Infrastructures du numérique » par Edouard Philippe, Premier ministre. 

Et printemps 2019 : rendez-vous au TRIP de l’AVICCA pour la présentation commune de l’Observatoire du THD !

Un événement mémorable ?

1ère université d’été du THD à Marseille en présence de deux ministres et de l’ensemble de l’écosystème national du THD au palais du Pharo.

Un regret ?

Qu’InfraNum ne soit pas directement associée à la gouvernance du plan France THD via un organe de pilotage.

Une réaction par rapport à cette réélection ?

Je remercie les 14 administrateurs InfraNum pour leur confiance et leur implication. Ils représentent l’ensemble des métiers de la filière des infrastructures du numérique.  Nous allons donc poursuivre la co-construction de la digitalisation de notre pays avec les services de l’État et plus particulièrement avec Julien Denormandie, Ministre auprès de la Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités locales.

Conseil d’administration InfraNum

14 membres élus : Bertrand Alloin – FIRALP, Pierre-Michel Attali – IDATE, Audrey Briand – EUTELSAT, Jean-Noël De Vathaire – NGE INFRANET, Etienne Dugas – GROUPE RIPP, Olivier Duroyon – NOKIA, David El Fassy – ALTITUDE INFRASTRUCTURE, Thomas Foppiani – SCOPELEC, Antoine Fournier – KOSC TELECOM, Philippe Legrand – GROUPE NOMOTECH, Pascal Rialland – COVAGE, Ludovic Robert – FOLAN, Nicole Sgro – FINGERPRINT TECHNOLOGIES, Xavier Vignon – SOGETREL